« C’était samedi 30 septembre, je descendais les poubelles et j’ai perdu l’équilibre dans l’escalier. Je suis remonté chez moi, l’esprit un peu flou. Mon bras et ma jambe côté droit étaient comme paralysés et j’avais des douleurs au niveau du thorax », raconte Thibaut (il a souhaité garder l’anonymat) quelques jours plus tard dans sa chambre d’hôpital. Pris rapidement en charge par les pompiers, il a été transféré à l’unité neurovasculaire de l’hôpital Bichat – Claude-Bernard (AP-HP). Agé de seulement 39 ans, le jeune homme est encore sous le choc : il a fait un accident vasculaire cérébral (AVC). « A mon âge, franchement, je ne pensais pas que cela pouvait arriver. »
Chaque année, on dénombre 140 000 AVC en France, dont 40 000 conduisant au décès et 30 000 laissant la personne lourdement handicapée. « Cela touche toutes les tranches d’âge et augmente de façon linéaire », souligne Philippa Lavallée, neurologue, cheffe du centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale de l’hôpital Bichat.
L’accident survient lorsqu’une des grosses artères qui irriguent notre cerveau se bouche ou se rompt. Dans 80 % des AVC, un caillot sanguin ou une plaque d’athérosclérose riche en lipides obstrue l’artère : la circulation sanguine se bloque. C’est l’AVC ischémique aigu, ou « infarctus cérébral ». « C’est une course contre la montre. Plus on prend en charge vite pour faire une recanalisation, plus le patient a une chance de récupérer », insiste-t-elle. On considère en effet que chaque minute qui s’écoule au cours d’un AVC ischémique conduit à la mort de deux millions de neurones.
Ne pas perdre une minute
Lorsqu’ils évoquent la thrombolyse intraveineuse consistant à injecter un médicament qui dissout le caillot, les médecins parlent de « Destop » – un déboucheur puissant pour canalisations. Mais ce traitement n’est efficace que dans les quatre heures et trente minutes qui suivent le début des symptômes et n’est pas sans risque d’hémorragie.