Officiellement, la Côte d’Ivoire se porte bien. Nous avons une croissance à plusieurs chiffres et nous serons bientôt émergents. Cependant, à la lumière des faits, l’on est en droit de se poser des questions sur ce que le gouvernement entend par une forte croissance vu que les actes qu’il pose au quotidien donnent plutôt l’impression que nous subissons une grande sécheresse économique. L’Etat moderne a été pensé de sorte à protéger les plus faibles que sont les veuves, les orphelins et les retraités. Dès lors, un gouvernement ne s’attaque aux avantages de ceux-ci que lorsque ce dernier est genou à terre et dans l’impossibilité de trouver des solutions palliatives. En Côte d’Ivoire, tandis que le gouvernement, à travers une reforme inique de la pension des retraites asphyxie les serviteurs de l’Etat, livre les veuves à la prostitution et les enfants à la rue et à la mendicité, il trouve des milliards à distribuer à des hommes en armes. Bouaké avait donné le ton et depuis, la boite de Pandore est ouverte n’épargnant pas les forces spéciales qui elles aussi sont entrées dans la danse. Chaque fois, le gouvernement a cédé à toutes les revendications des mutins laissant penser qu’il y a au sein de notre armée des mercenaires qu’il faut rémunérer pour services rendus. Je ne suis malheureusement pas surpris car en général, un chef de l’Etat est attentif aux revendications de ceux de qui il détient sa légitimité. Quand c’est le peuple, ce dernier a une démarche et quand son pouvoir provient des armes, il a une toute autre démarche que nous observons avec le régime actuel. Comment peut-on prétendre que notre économie est florissante et dans le même temps, réduire les avantages de ceux qui font la richesse de l’Etat ? Comment peut-on regarder les prix des denrées de première nécessité flamber sans sourciller et créer des institutions budgétivores comme le Sénat et la Vice-présidence de la République qui ne vont que contribuer à augmenter le train de vie de l’Etat ? Comment justifier en effet que les fonctionnaires doivent faire des sacrifices lorsque la trouvaille du chef de l’Etat est d’avoir deux ministres du Pétrole ? En général, lorsque l’on se sépare d’un ministre, c’est parce que son rendement est en deçà des objectifs que l’on lui avait assignés. Qu’est ce qui peut donc expliquer que quelques mois plus tard, la personne soit à nouveau nommée dans le même secteur entraînant un doublon inutile ? J’invite le chef de l’Etat à se pencher réellement sur les priorités des Ivoiriens et à ne pas donner une prime à la gabegie et aux revendications armées et violentes. Il faut faire face en urgence aux remous sociaux qui menacent la quiétude des populations. Le peuple croule déjà sous le poids du coût de l’électricité, du logement et des besoins de la vie quotidienne. Si l’on a de l’argent à distribuer à des hommes en armes alors l’on peut objectivement faire face aux besoins du bas peuple qui ne demande que le minimum vital.
Stéphane Kipré
Président de l’UNG
Stéphane Kipré
Président de l’UNG
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